Seigneurs de Sainte-Julie


(en l'état actuel de nos connaissances)

Sainte-Julie n'est qu'une possession parmi d'autres des grands personnages cités.

Les premiers documents connus concernent la paroisse, sous le vocable de saint Cyrille ou saint Cyr et sainte Juliette.


En 1193, le pape Lucius III confirme la paroisse comme possession du monastère de l'île Barbe (aujourd'hui, dans le 9ème arrondissement de Lyon).

Au XIIIème siècle, les seigneurs de Coligny (à 23 km au nord de Bourg-en-Bresse), qui règnent sur le Revermont et une partie du Bugey, font édifier une "maison-forte" sur leur domaine de Sainte-Julie. Plus précisément, il pourrait s'agir d'Amédée de Coligny...

Hugues de Coligny (- mort en croisade, en 1205), frère d‘Amédée, épouse, en 1193, Béatrice d'Albon (1162-1228), déjà deux fois veuve. Elle est la fille de Béatrice de Montferrat et de Guigues V. d'Albon, Dauphin du Viennois. De leur union naissent deux filles, Béatrice et Marie...

 

Blason du Dauphiné Royal

 

En 1225, Béatrice de Coligny épouse Albert III de La-Tour-du-Pin (actuellement dans l'Isère, à 56 km à l'est de Lyon). Elle lui apporte en dot une grande partie du domaine des Coligny (y compris Sainte-Julie) dont elle est l'héritière.

En 1259, à la mort d'Albert, son frère Humbert de La-Tour-du-Pin hérite de ses titres...

Le 31 août 1273, Humbert épouse Anne de Bourgogne, sœur du Dauphin Jean Ier de Viennois.

 

Sainte-Julie en Dauphiné


1282 : Suite au décès de Jean de Viennois, le 4 septembre 1282, Anne hérite des domaines de son frère, et transmet le titre de Dauphin à son époux, qui devient Humbert Ier de Viennois.

1282 - 1307 : Humbert Ier Dauphin de Viennois (1240-1307) Sainte-Julie appartient dès lors aux Dauphins de Vienne, alors que le territoire du Dauphiné s'est accru des domaines des barons de la Tour du Pin et de Coligny. Les éléments nous manquent pour savoir si le château de Sainte-Julie est alors donne’ en garde à des « châtelains », ou « capitaines-châtelains » c'est-à-dire des fonctionnaires de l ‘Etat delphinal recrutés dans la petite noblesse rurale. Une petite garnison (souvent pas plus de quatre ou cinq hommes) leur était confiée, alors que leurs fonctions de châtelain les obligeaient à remettre au Dauphin (tous les ans, en général) des « comptes de châtellenie » justifiant des dépenses engagées au cours de l’année. Nous ignorons, pour l'instant, si de tels documents existent pour le château de Sainte-Julie. Seules des recherches dans les archives du Dauphiné nous permettrait de l'apprendre! Mais en la matière, les archives du Dauphiné sont en général beaucoup moins riches que celles de Savoie, qui présentent, quant à elles, de très nombreux comptes de châtellenies.

1307 - 1318 : Jean Il de Viennois (1280-1318), fils du précédent, est l’époux de Béatrice de Hongrie, dont il a deux enfants : Guigues et Humbert... Son œuvre politique principale consiste à jalonner la frontière delphino-savoyarde de bâties, de châteaux, ou de villes neuves fortifiées afin de renforcer la défense de ses territoires.

1318 - 1333 : Guigues VIII de Viennois (1310-1333), fils du précédent. Sous son règne, les liens avec la France se renforcent, notamment par son mariage avec Isabelle, fille du roi Philippe V le Long.

En 1328, Guigues met d'ailleurs sa bravoure au service du roi de France, quand, à la bataille de Cassel (Nord), Philippe VI lui confie le commandement d'un corps de bataille. La victoire française est éclatante, et Guigues est généreusement récompensé par le roi pour son ardeur au combat. Le Dauphin Guigues VIII périra d'ailleurs les armes à la main, en 1333, lors du siège du château savoyard de la Perrière (25 km au nord de Grenoble).

1333 - 1349 : Humbert II de Viennois (1312-1355), frère du précédent, est le dernier dauphin indépendant. Accablé de dettes et très éprouvé par la disparition de son fils unique destiné à hériter de son titre, le Dauphin Humbert en vient à souhaiter vendre son domaine...

1349 est ainsi l'année du fameux "transport du Dauphiné à la France", par lequel Humbert cède son domaine contre 200 000 florins et une rente annuelle de 24 000 livres. Après de longues négociations avec les représentants du roi, le l6 juillet 1349, le Dauphin du Viennois aliène ainsi ses droits Viagers en faveur de Charles de Valois, fils de Jean de Normandie et aîné des petits-fils du roi Philippe VI...

1349- 1354 : Charles Ier devient ainsi le premier Dauphin de France, avant de devenir roi de France sous le nom de Charles V, en 1364.

1354-1379 : Guy de Torchefelon (en Dauphine, à 40 km au nord-ouest de Grenoble) est le premier personnage à qui la seigneurie est donnée en fief (par le Dauphin Charles).

 

Sainte-Julie en Savoie


1355 - Traité de Paris : Signé le 5 janvier, à l'initiative du roi Jean le Bon et de son fils le Dauphin Charles, ce traité met fin à une guerre deIphina-savoyarde longue de 165 ans, puisqu'elle a commencé en 1140, dans la vallée Grésivaudant, «pour de simples questions de voisinage » (Alain Kersuzan - « Defendre la Bresse et le Bugey : les châteaux savoyards dans la guerre contre le Dauphiné (1282 - 1355) » - PUL 2006). Le traité de Paris de 1355 fixe la frontière entre Savoie et Dauphiné sur le Rhône, et la seigneurie de Sainte-Julie se trouve dès lors en Savoie... dotée d’un seigneur dauphinois.

Guy de Torchefelon vend la seigneurie de Sainte-Julie, le 8 ou le l0 janvier 1379, "avec le consentement du Comte de Savoie", à...

 

Blason des Torchefelon

 

1379 : Jean de Crangeac (aujourd'hui Crangeat, sur la commune d'Attignat, à 12 km au nord de Bourg-en-Bresse) est seigneur de Chazey depuis 1371. Il est aussi l’époux (depuis 1380) de Jeanne François des Allymes (à Ambérieu-en-Bugey), dont il aura notamment deux fils, Antoine et Pierre...

Jeanne François des Allymes est une descendante du premier seigneur fieffé des Allymes, Nicod François. Significativement, ce dernier reçoit le fief des Allymes la même année que Guy de Torchefelon reçoit le château et la terre de Sainte-Julie, en 1354, c’est-à-dire au moment où la paix entre Savoyards et Dauphinois est clairement en vue. Le comte de Savoie comme le Dauphin trouvent dans les cessions de domaines et de châteaux un moyen de rembourser les dettes qu'ils ont contractées auprès de vassaux ou de bourgeois, puisque François Nicod est un bourgeois de Belley, et surtout le trésorier du comte de Savoie. La cession des Allymes à ce dernier lui permet d'accéder à la noblesse, et de porter désormais le nom de Nicod François (seigneur) des Allymes...A partir de l’acquisition de la seigneurie par Jean de Crangeac seigneur de Chazey, Sainte-Julie dépend pour près de deux siècles des mêmes seigneurs que Chazey (les guillemets français signalent les citations du livre de Christian Prat ,- « Au Coeur de la plaine de l ’Ain - Le Château de Chazey, publie’ à l'initiative du District de la Plaine de l ’Ain »).

Antoine de Crangeac est 1er  fils aîné du précédent, et l’époux de Françoise de Varax. (Aujourd’hui Saint-Paul-de-Varax, à 15 km au sud-ouest de Bourg-en-Bresse). Un traité conclu en 1392 le signale encore vivant. Mort sans enfants, son frère lui succède...

Pierre de Crangeac, de même décède sans laisser d'enfants, en 1439, ce qui ouvre de difficiles négociations concernant son héritage... Sa veuve est Jeanne de Varax, fille de Gaspard de Varax, premier marquis de Saint-Sorlin (Saint-Sorlin-en Bugey, à 8 km à l'est de Sainte-Julie).

1439 - 1441 : Les différends concernant l'héritage sont tels que le duc de Savoie Amédée VIII fait mettre Chazey, et les autres terres de la succession de Pierre de Crangeac "sous sa main..." Finalement, la succession de Pierre de Crangeac est recueillie par son épouse Jeanne de Varax, qui en dispose en faveur de son neveu Georges de Varax.

1441 : Georges de Varax, conseiller et Chambellan du duc Louis 1er de Savoie (1461-1465) est l'époux (depuis 1443) d'Antoinette de Luyrieux, et seigneur de Chazey.

 

Blason de la Maison de Varax

 

« Georges de Varax » fonde une chapelle au château de Chazey et décède à Lyon le 23 juillet 1473. De son tombeau construit devant le grand autel de l'église du prieuré de Blyes, subsistent deux dalles d'inégale grandeur, gravées au trait. Classées monuments historiques, elles sont déposées dans l'église du lieu. La plus petite le représente avec ses armes. La seconde porte les gisants des deux époux couronnés d'une architecture gothique. L'inscription qui ceinture les pierres rappelle succinctement ses dispositions testamentaires... » (C. Prat)

26 février 1460 : élection du marquisat de Saint-Sorlin par le duc de Savoie, en faveur de Gaspard de Varax, beau-père de Pierre de Crangeac.

1462 : Georges de Varax, après la perte de son seul héritier mâle, en 1460, et par contrat passé au château de Chazey le 24 janvier 1462, cède ses seigneuries de Chazey et Loyettes à Philippe de Bresse (ou Philippe "Sans terre", avant que la Bresse ne lui soit donnée en apanage, en 1461).

1496 : Philippe de Bresse devient Philippe de Savoie, et meurt après 18 mois de règne seulement, laissant veuve Claudine de Brosse.

 

Chapelle Notre Dame de Lorette

 

1497 - 1513 : Claudine de Brosse obtient un douaire assigné, entre autres, sur les terres de Chazey. La douairière décède le 13 octobre 1513.

 

Charles III

 

1513-1517: Dès lors, «le duc Charles III amodie [loue] la seigneurie de Chazey à divers particuliers, puis en cède la jouissance à sa sœur Philiberte... » (C. Prat)

 

 

Sainte-Julie dans le domaine
des Savoie-Nemours

 

Jacques de Nemours

 

1517 - 1524 : Philiberte de Savoie-Nemours, «veuve de Julien de Médicis, duc de Nemours, que Guichenon appelle "le Magnifique", de 1517 à sa mort en 1524. » (C. Prat)

1529 : « On connaît ensuite un Charles de la Chambre, chevalier, premier chambellan du duc de Savoie, seigneur de Chazey en 1529. » (C. Prat)

1530 : « ...nouvelle investiture en faveur de Philippe de Savoie, comte de Genevois et duc de Nemours [1490-1533], époux de Charlotte d'Orléans qui assure la régence lorsque leur fils Jacques, né près de Sens, alors en Champagne, en 1531, lui succède à l'âge de deux ans. » (C. Prat)

1533 - 1549 : Charlotte d'Orléans, mère de Jacques de Savoie-Nemours (1531-1585), disparaît en 1549. La régence de Charlotte d'Orléans est marquée par l'invasion de la Savoie par les troupes royales et l'installation d'une administration française à Chambéry. Cette période qui s'étend de 1536 à 1559 (traité de Cateau-Cambrésis) est restée dans l'histoire sous le nom de "parenthèse française". Mais cette parenthèse française « demeure d'une importance très relative pour Chazey, détenu par une princesse française qui y séjourne à plusieurs reprises. » (C. Prat) Et quant aux dix dernières années qui suivent, c'est un prince français (et savoyard) qui y règne...

« Ce prince était un chef-d'œuvre de la nature ; ce qu'il avait de moins admirable, c'était d'être l'homme du monde le mieux fait et le plus beau. Ce qui le mettait au-dessus des autres était une valeur incomparable, et un agrément dans son esprit, dans son visage et dans ses actions que l'on a jamais vu qu'à lui seul ; il avait un enjouement qui plaisait également aux hommes et aux femmes, une adresse extraordinaire dans tous ses exercices, une manière de s'habiller qui était toujours suivie de tout le monde, sans pouvoir être imitée, et enfin un air dans toute sa personne qui faisait qu'on ne pouvait regarder que lui dans tous les lieux où il paraissait. » (La Princesse de Clèves, 1678)

Ce grand personnage connaît ainsi, grâce à Madame de Lafayette (1634-1693), une postérité littéraire plus grande encore que le souvenir qu'il a laissé dans l'histoire. Notons que l'ouvrage en question est un roman historique, puisque son action se situe plus d'un siècle avant son écriture et sa parution.

1549 : « Jacques de Savoie-Nemours ajoute aux titres de son père ceux de baron de Faucigny et de Beaufort et de marquis de Saint-Sorlin » (C. Prat). Il n'est pas fait mention de Sainte-Julie, mais les destins de Chazey et de Sainte-Julie sont toujours étroitement liés... Et c'est ainsi, très probablement, Jacques de Nemours qui inféode la seigneurie de Sainte-Julie à André de Bignins.

1550 - ? : André de Bignins (actuellement Begnins, en Suisse, entre Rolle et Nyon), «Seigneur du dit lieu au pays de Vaud, de Lent en Dombes, de Chiloup, de Tol en Bresse, de Sainte-Julie, & de S. Denys en Bugey, et trésorier de la maison de Jacques de Savoie-Nemours » (Samuel Guichenon - Histoire de la Bresse et du Bugey, 1650).

André de Bignins est l'époux de Louise de Dinteville (aujourd'hui en Haute-Marne, à 72 km au nord-ouest de Langres). Devenue veuve, celle-ci transfère la seigneurie de Sainte-Julie à Jacques de Savoie, duc de Nemours en 1571.

 

Anne d'Este

 

1571 : Jacques de Nemours (1531-1585) fait comprendre la seigneurie de Sainte-Julie dans le marquisat de Saint-Sorlin. Par la suite (à une date inconnue), Jacques de Nemours et son épouse (depuis 1566) Anne d'Este vendent Sainte-Julie à Béatriee Pacheco de Montbel.

 

Béatrice Pacheco

 

Gaspard de Coligny

 

15?? - 1582 : Béatrice Pacheco comtesse d'Entremont et de Montbel (1520-1582) est la veuve (depuis 1568)de Sébastien de Montbel, et la mère de Jacqueline de Montbel comtesse d'Entremont et de Nattages (1541-1599). Cette dernière se marie en 1561 à Claude de Batarnay, comte de Bouchage et baron d'Anthon (tué à la bataille de Saint-Denis en 1567), puis à l'amiral Gaspard de Coligny, en 1571.

 

Blason des Montbel

 

Autour de 1585 : Dans des conditions qui nous restent inconnues, la seigneurie de Sainte-Julie passe à la maison de Lyobard...

René de Lyobard est dit "escuyer, seigneur de Ruffieu, Sainte-Julie & la Lyobardière". Il est le 4ème fils de Georges de Lyobard et de sa seconde femme, Jacqueline d'Aguerre (héritière de Ruffieu). En 1598, René épouse Ennemonde de La Cous.

Suite à l'invasion de la Savoie par la France d'Henri IV, au printemps de 1600, de longues négociations menées à Lyon aboutissent à la signature d'un traité de paix, le 17 janvier 1601. Déterminant pour la région, ce traité de Lyon décide d'un très important échange de territoires : les pays de Gex, de Bresse, de Bugey et de Valromey (soit le territoire de l'actuel département de l’Ain) reviennent au royaume de France, contre la dernière possession française au-delà des Alpes, le marquisat de Saluces (Saluzzo), qui revient au duché de Savoie. Ce dernier voit ainsi disparaître la dernière enclave étrangère sur son territoire (en Piémont, en l'occurrence).

Pour ce qui est du marquisat de Saint-Sorlin, dont font partie Chazey et Sainte-Julie, cette année 1601 ne s'accompagne d'aucuns changements, car « le statut du marquisat ne change pas, suivant stipulation expresse qui en fut faite dans l'article 23 du traité de Lyon » (C. Prat). Le marquisat dépend en effet de l'apanage des Savoie-Nemours, princes français autant que savoyards...

Sans mention de dates précises, on trouve ensuite la trace d'un Claude de Lyobard de Sainte-Julie, mari d'Anne de Porros, ainsi que d'un Prosper de Lyobard...

Prosper de Lyobard, frère cadet de Claude, hérite de la seigneurie avant que celle-ci ne revienne, en 1663, au fils de leur sœur Jacqueline, épouse d'Aymé-Philibert de Varanges : René de Varanges.

1663 - 1680 : René de Varanges (à 22 km au sud-est de Dijon) est l’époux d'Anne-Catherine du Fays. En 1680, ils vendent la seigneurie à André Balme...

 

 

Les Balmes de Sainte-Julie

 

1680 - 1706 : André Balme est un bourgeois natif de Saint-Rambert-en-Bugey. Il exerce pendant vingt-deux ans les fonctions de conseiller, notaire et secrétaire du parlement de Metz (jusqu'en 1680, très probablement).

Par la suite, il remplit l'office de conseiller du roi, lieutenant général civil et criminel au bailliage de Bugey, dont le siège se tient à Belley. En mars 1698, il reçoit des lettres d'anoblissement pour lui et ses enfants à naître, en récompense des belles qualités dont il a fait montre au service de l'administration royale. Il peut dès lors croiser ses armoiries avec celles de son épouse, Françoise Trocu, ainsi qu'elles apparaissent sur la peinture murale qui orne la partie haute de la cheminée du château.

 

Blason des Trocu de la Croze

 

1706 - 1728 : André Balme de Sainte-Julie (deuxième du nom) succède à son père au bailliage de Bugey.

1728 - 1761 : Anthelme Balme de Sainte-Julie succède à son père dans les mêmes charges.

1761 - ? : Anthelme Balme de Sainte-Julie, baron de la Vellière, époux d'Anne-Marie de Reydellet de la Vellière. Il est, lui aussi, conseiller du roi, lieutenant général civil et criminel au bailliage de Bugey.

Le 25 avril, les lettres de noblesse «obtenues de Sa Majesté au mois de mai 1781, en récompense de ses services et de ceux de ses ancêtres » lui sont officiellement remises. Car « ses pères avaient déjà obtenu au siècle dernier des lettres de noblesse particulières et très-distinguées qu'ils avoient laissé tomber en caducité, faute d'avoir rempli les formalités nécessaires. »

1779 - ? : Charles-Marie Balme de Sainte-Julie conseillé du roi, lieutenant général civil et criminel au bailliage du Bugey. Il est incarcéré quelque temps en 1793, avant d'être libéré sans dommages...

Charles-Auguste Balme de Sainte-Julie est le dernier de la lignée des Balme de Sainte-Julie. Il vent le domaine, en 1824, à un certain Jean-Marie Dupuis...

 

 

 

Fresque Héraldique du XVIIème siècle, classée Monument Historique
Château de Sainte-Julie (XIIIème siècle)

Les armoiries representent donc l'alliance des deux familles Balme et Trocu.
A gauche, les Balme, au premier, coupé, de gueules à un lion passant d'or, coupé d'azur, à une gerbe d'or, lié de sable.
Au deuxieme, de sable à un rocher d'argent percé au milieu de sable.
A droite, les Trocu (armoirie plus simple) d'argent, à la banque d'azur semée d'étoiles d'or.

 

La famille Balme de Sainte-Julie

 

Sainte-Julie est une localité du Bas-Bugey à 8 kilomètres à l'ouest-sud-ouest de Lagnieu et à 6 kilomètres à l'est de Meximieux, près de Chazey-sur-Ain. C'était le fief de la famille BALME dont les membres ont exercé de père en fils, de la fin du XVII° siècle à la fin du XVIII° siècle, les fonctions de Lieutenant-Général Civil et Criminel du Bugey, jointes à celles de Subdélégué à Belley de l'Intendant de la Généralité de Bourgogne se trouvant à Dijon (1). Cette famille se rattache d'autre part à l'histoire d'AMEYZIEU et à celle de la famille D'ANGEVILLE, ainsi qu'on le verra plus loin.

I- Les Balmes lieutenants Généraux Civils et Criminels du Bugey

La charge de Lieutenant Général Civil et Criminel du Bugey s'est transmise de père en fils dans la famille BALME de la fin du XVII° siècle à la Révolution ainsi que permet de l'établir l'étude des registres paroissiaux: l'une des fonctions du Lt-Général était, en effet, de les parapher chaque année. En cas de maladie ou de décès un suppléant était désigné. C'est l'étude des registres paroissiaux de Talissieu, conservés à la Mairie qui a servi de base au présent exposé.
a) L'acte de baptême de Claude-Philibert D'ANGEVILLE est paraphé par BALME André, Lieutenant-Général du Bailliage du Bugey. Cet acte, daté du 25 avril 1695, a été dressé à Talissieu, fief de la mère du bébé; Symphorien D'ANGEVILLE, son père, ayant épousé en 1684 Philiberte de Luyrieu.
Il s'agit d'André BALME, Ecuyer, natif de SAINT-RAMBERT-en-BUGEY, qui avait acquis le 21 août 1680 la terre et Seigneurie de SAINTE-JULIE, avec Maison Forte. Il reçu en mars 1698 des lettres d'anoblissement pour lui et ses enfants à naitre à la suite de services rendus au Pays de GEX. Il avait été reçu Secrétaire en la Chancellerie de la Cour Souverain du Parlement de METZ et fut Conseiller du Roi, Lieutenant-Général Civil et Criminel au Bailliage du BUGEY, à BELLEY.
b) En 1708, les registres sont paraphés par Philibert DE MIGIEU (2) et, en 1717 "en l'absence du Lt-Général Balme" par Ignace ROLLET, Conseiller du Roi et son avocat au Bailliage. En 1721 - 1722 et 1723, c'est Jean-Claude GROSSY, conseiller du Roi et Procureur au Bailliage du Bugey qui tient le siège par suite du décès du Lt-Général et qui paraphe, en conséquence, les registres. De 1724 à 1728, c'est Jean-Baptiste MOYNE(3) Conseiller au Bailliage du Bugey qui tient le siège par suite du décès du Lieutenant Général et qui paraphe les registres.
André BALME était marié à Anne-Marie DE REDELLET DE LA VELLIERE, fille de Claude-Henry DE REDELLET et de Claudine-Augustine DE MOYRIA. Les Barons DE LA VELLIERE possédaient le château et avaient une chapelle dans l'église d'AMEYZIEU (Annexe de TALISSIEU) ce qui les rattache à l'histoire de cette localité. Dans les registres paroissiaux de TALISSIEU on relève, en date du 13 septembre 1687, un acte de décès concernant une domestique de Mr. DE LA VELLIERE. Deux actes de baptême célébrés en l'église de TALISSIEU en 1691 et en 1696 mentionnent que le parrain des enfants fut Claude-Henry DE REDELLET, Baron DE LA VELLIERE. L'acte de baptême, en date du 27 février 1751, de Marie-Henriette ROSETAIN, fille d'Anthelme ROSETAIN "Curial" (voir la note concernant ROSETAIN No. 7) des terres de LYRIEU à TALISSIEU, mentionne qu'elle eut comme parrain Claude-Henry, Baron DE LA VELLIERE, Chevalier de Saint-Louis, Capitaine au Régiment de Lyonnais. Il signe Balme de La Velliere ce qui laisse supposer qu'il était un fils d'André BALME.
Quant à Claudine-Augustine DE MOYRIA, elle était la sœur de Marie-Anne DE MOYRIA, épouse de François-Anthelme D'ANGEVILLE, ce qui rattache les BALME aux D'ANGEVILLE avec les conséquences que l'on verra plus loin (4).
L'Armorial Historique de Bresse, Bugey, Dombes, Pays de Gex, Valromey et Franc-Lyonnais par Edmond Révérend du Meunil (Lyon Imprimerie d'Aimé Vingtrinier 14, Rue de la Belle-Cordière - Tome I 1873 - page 59) dit qu'André BALME était marié à Françoise ...... et cite D'HOZIER - Généralité de Bourgogne - Belley Enregistrement d'armoiries Fol. 1 No. 4, selon lequel André BALME porte "coupé au premier de gueules à un lion passant d'or, coupé d' azur à une gerbe d'or liée de sable; au deuxième, de sable à un rocher 'argent enfoncé ou percé au milieu de sable. Accolé d'argent à une bande d'azur semée d'étoiles d'or" - Chevillard ôte les étoiles d'argent qui sèment la bande.
c) - Anthelme BALME, petit-fils d'André BALME et d'Anne-Marie DE REDELLET DE LA VELLIERE, succéda à son grand-père le 25 mars 1728 dans sa charge de Lieutenant-Général au Bailliage du Bugey. Il vendit le 22 août 1725 son quart de la Seigneurie de CEFFIA, en BRESSE qu'il possédait. En 1775, en sus de sa charge de Lieutenant-Général Civil et Criminel il était Subdélégué de l'Intendant de BOURGOGNE, à BELLEY (Histoire de Belley par le Baron A. Dallemagne). A l'âge de près de 80 ans, il fut anobli par lettres datées de MARLY en mai 1781 (Registrées au Parlement le 29 mars 1784). Un règlement d'armoiries du 28 janvier 1784 fixa ainsi le blason d'Anthelme BALME de SAINTE-JULIE : "écartelé au I et 4 de gueules au lion d'or, coupé d'azur à une gerbe aussi d'or liée de même; aux 2 et 3 de sable à un rocher d'argent" (Communiqué par M. Albrier à M. Edmond Révérend du Mesnil pour son Armorial Historique de Bresse, Bugey etc).
Ainsi, à partir de 1729, les registres paroissiaux furent paraphés par Anthelme BALME, Seigneur de SAINTE-JULIE, Baron DE LA VELLIERE, Conseiller du Roi, Lt-Général Civil et Criminel au Bailliage du Bugey à Belley. Par exception, ils le sont en 1732, 1738, 1739 1740 par Jean-Baptiste MOYNE, Conseiller du Roi au Bailliage du Bugey à Belley en l'absence d'Anthelme BALME, Lt-Général.
En 1777, les registres sont paraphés par Humbert BEATRIX (5), Seigneur de CUZIEU et autres places, Conseiller du Roi au Bailliage du Bugey à BELLEY, en l'absence du Lieutenant-Général "en icelui".
Anthelme BALME céda alors sa charge à son fils Charles-Marie. Il était marié à Suzanne ADINE, et mourut à Belley le 14 janvier 1787, âgé de 85 ans (référence: Registres d'Etat-Civil de la Paroisse Saint-Laurent de BELLEY, voisine de la Cathédrale et maintenant disparue (Registres d'Etat-Civil conservés à la Mairie de BELLEY). Il fut inhumé dans le cloître du Chapitres: les sépultures dans les églises avaient été, en effet, interdites au laïcs par Ordonnance Royale du 15 mai 1776, notifiée par Mandement en date du 20 octobre 1776 donné par Mgr CORTOIS DE QUINCEY, Evêque de BELLEY, encore en fonction à la Révolution.
d) - De 1778 à la Révolution, les registres paroissiaux sont paraphés par Charles-Marie BALME DE SAINTE-JULIE, Conseiller du Roi, Lieutenant-Général Civil et Criminel au Bailliage du BUGEY à BELLEY.
Par exception, ils les sont en 1782 et en 1791 par Antide RUBAT (6) Ecuyer, Conseiller du Roi, Lieutenant Particulier Civil et Criminel au Bailliage.


A la Révolution, Charles-Marie BALME DE SAINTE-JULIE devint membre du Conseil du District de BELLEY et, à ce titre, continua à parapher les actes d'Etat-Civil jusqu'en 1794.
Sur les registres de TALISSIEU, il est mentionné qu'en date du 29 Frimaire An III (19 décembre 1793) Charles-Marie BALME a reçu à BELLEY de l'officier Public de la Commune de TALISSIEU les doubles des registres d'Etat-Civil des années 1791 et 1792 qui ont été déposés au secrétariat du District. L'Officier Public en question devait être Anthelme CERDON, devenu Curé Constitutionnel, qui était "membre du Conseil Général de la Commune de TALISSIEU, élu pour tenir les registres". En 1793, ces derniers étaient signés à la fois par "Louis GUILLAND, Maire, et par CERDON, Curé, Officier Public".
A la date du 24 Fructidor An V (10 septembre 1797) les registres d'Etat-Civil de TALISSIEU sont paraphés par MANJOT à CEYZERIEU, cette localité étant alors un Chef-lieu d'un Canton dont dépendait TALISSIEU.

 

II - Propriétés des BALME DE SAINTE-JULIE


Les BALME de SAINTE-JULIE possédaient à BELLEY une propriété sise sur le coté sud de l'actuelle Rue des Barons (1) de telle sorte que cette rue tire peut-être d'eux son nom.
Au début de l'Empire, lors de la paix religieuse, les Bernardines achetèrent cette propriété pour y installer le couvent qui y subsista jusqu’à la guerre 1939/45. Elles achetèrent aussi des terrains voisins à l'est où l'on a maintenant construit des H.L.M.
Les BALME ont, en outre, possédé le château d'AMEYZIEU venu à André BALME du chef de sa femme fille de Claude-Henry DE REDELLET, Baron DE LA VELLIERE qui l'avait auparavant. Peu avant la Révolution, peut-être à la suite de la mort d'Anthelme BALME, ce château a été vendu aux ROSTAING (7). Il est distinct de la propriété du CLOS sis à MOULIN, hameau d'AMEYZIEU, qui appartint à la famille D'ANGEVILLE de 1682 à 1760 après avoir été probablement apporté à Nazaire D'ANGEVILLE (1649-1704) par sa femme, née Françoise-Catherine DE BEAUMONT-CARRA. Guillaume D'ANGEVILLE, fils de Nazaire, le vendit le 8 novembre 1760 de telle sorte que ce furent des cousins qui eurent ces deux propriétés de 1682 à 1760.
Par ailleurs, Anthelme BALME avait hérité du quart de la Seigneurie de MONTVERAN (Culoz) au décès de Joseph D'ANGEVILLE en 1746: sa grand-mère maternelle, Claudine-Augustine DE MOYRIA, était, en effet, la sœur de Marie-Anne DE MOYRIA, seconde épouse de François-Anthelme D'ANGEVILLE et mère de Joseph D'ANGEVILLE, né le 16 avril 1675 et décédé en 1746 sans enfant (4).
Après avoir laissé ce quart en indivision, avec les 3 autres cohéritiers, il demanda, en 1771, le partage de l'héritage en exigeant que son lot comprenne un quart de toutes les parcelles du domaine (6).
Les biens constituant la part d'Anthelme BALME comprenaient un cellier appelé LA COUR qui était l’ancienne courreries du premier château de CULOZ, un moulin, dit d'En-Bas, des vignes, terres, près et bois (4). Il les vendit vers 1778 à François-Louis DE LEYSSIN, Colonel d'infanterie, Seigneur d'AOSTE, en Dauphiné. Celui-ci venait d'acheter les terres de CERVEYRIEU et de LUYRIEU à Joseph-Marie DE BARRAL, Marquis DE MONTFERRAT, Président à mortier au Parlement de GRENOBLE, qui vendait les seigneuries constituant la dot de sa femme.
(1) - Référence: Histoire de BELLEY par le Baron André DALLEMAGNE - Librairie Compagnon à Belley 1933
(2) - La famille DE MIGIEU tirait son nom du hameau de la commune de NATTAGES où elle avait une maison forte. Guy DE MIGIEU, Président de la Chambres des Requêtes au Parlement de DIJON, devint propriétaire et Seigneur d'ANDERT au début du XVIIe siècle. Son père, Antoine DE MIGIEU, était Receveur des Tailles en Bugey. La famille possédait Grande Rue à Belley un hôtel devenu l'actuelle maison DU VACHAT. Le fils de Guy DE MIGIEU, Antide, était Président à mortier à la Cour de DIJON. Par acte du 25 mai 1708, passé à Chambéry, il vendit ANDERT et l'acquéreur revendit le domaine pour 40 000 livres à François PARRA, Lieutenant de robe courte, Prévot de la Maréchaussée du Bugey (Référence: LE BUGEY 34e fascicule - Juillet 1947 - Histoire du Château d'ANDERT).
(3) - Jean-Baptiste MOYNE, Conseiller au Bailliage du Bugey à Belley, était marié à Marguerite JOURDAIN. Tous deux étaient de Belley. Jean-Baptiste MOYNE se trouvait décédé en 1755 lors du mariage à Belley de sa fille Françoise, alors mineure, avec Jean-Louis BRILLAT, né en 1735. Celui-ci était le 3e enfant de Maître Etienne BRILLAT, Avocat à la Cour, Procureur du Roi en l'Election du Bugey à Belley. Jean-Louis BRILLAT était le frère de Marc-Anthelme BRILLAT, ne en 1730, à Belley, où il est mort en 1790, Avocat à la Cour, Procureur du Roi en l'Election du Bugey à Belley à la suite de son père. Marc-Anthelme avait été institué, en 1733, légataire universel par sa tante, Mlle SAVARIN, à condition d'ajouter le nom de SAVARIN à celui de BRILLAT. Marié à Claudine-Aurore RECAMIER (la belle AURORE) Marc-Anthelme était le père de Jean-Anthelme BRILLAT-SAVARIN (1755-1826) auteur de la "Physiologie du Goût" nommé Maire de Belley le 9 février 1793 (1) avant de devoir passer en SUISSE en 1794.
(4) - Référence: "Notes Historiques sur CULOZ aux temps anciens" par Louis BERTHELON - Imprimerie du Bugey à Belley 1953
(5) - Humbert BEATRIX avait acquis le 22 août 1772 de Joseph-Marie DE BARRAL "la terre et Seigneurie de CUZIEU en toure justice, démembré du Compté de ROSSILLON en Bugey". Il portait "de gueules au chevron d'or accompagné en chef d'une étoile d'argent et, en pointe d'un croissant de même" (Référence: Armorial de Bresse, Bugey par Edmond Référent du Mesnil Lyon 1873 - Imprimerie Vingtrinier Rue Belle-Cordière).
Les BEATRIX étaient une très vieille famille Bugiste de gens de robe. L'Histoire de Belley (ci-dessus 1) mentionne en 1684 un Claude BEATRIX et, en 1713 (page 292) Anthelme BEATRIX, Conseiller du Roi, Commissaire aux Revues de la Maréchaussée du Bugey et Syndic de la Ville de Belley.
C'est Humbert BEATRIX qui se rendit acquéreur de Château-Froid à TALISSIEU lors de la vente des biens du clergé en 1792: le domaine de Château-Froid (cellier et vignes) appartenait, en effet, à la Chartreuse de PIERRE-CHATEL.
Par la petite-fille d'Humbert BEATRIX, Château-Froid passa à la famille DALLEMAGNE dans les conditions suivantes. La fille d'Humbert, prénommé Anthelmette-Jeanne BEATRIX DE CUZIEU (1790-1811) fut la première épouse de Claude-François de Sales JULLIEN DE VILLENEUVE, né le 20 janvier 1785, Chevalier, créé Baron par lettres patentes du Roi en date du 3 novembre 1819, Maire et Conseiller Général de BELLEY où il mourut en 1858. Ce ménage eut pour fille unique Anthelmette-Jeanne-Françoise, dite "Ermance" JULLIEN DE VILLENEUVE (1811-1897) mariée à Claudius DALLEMAGNE, fils du Général Baron DALLEMAGNE (Claude DALLEMAGNE), et c’est ainsi que Château-Froid passa dans la famille DALLEMAGNE.

(6) - La famille RUBAT possédait des biens importants à DON et à TALISSIEU. En 1767, le Maire de Belley, NIVIERE, Juge du Marquisat du Valromey, était "Châtelain" de MONTVERAN, CULOZ, LUYRIEU etc. A la fin du XVIIIe siècle, il fut remplacé dans les fonctions de "Châtelain" de MONTVERAN par l'Avocat RUBAT, de Belley, qui avait des propriétés à TALISSIEU.
A la famille RUBAT ont appartenu:
- Jean-François RUBAT, Avocat du Roi au Bailliage du Bugey à Belley
- Antide RUBAT, Docteur en Théologie, Chanoine du Chapitre de la Cathédrale de Belley
Ils sont cités tous deux en 1739 dans les actes d'Etat-Civil de TALISSIEU. Jean-François y est à nouveau mentionné en 1749 et Antide en 1759 (il est alors dénommé Doyen de Belley).
- Antide RUBAT, Lieutenant Particulier Civil et Criminel au Bailliage du Bugey à Belley.
A ce titre, et en l'absence du Lt-Général, il parapha, en 1782, les registres d'Etat-Civil de TALISSIEU.

Sous l'Ancien Régime, le Châtelain représentait le Seigneur et habitait le château dont le Seigneur était souvent absent. Dans l'exercice de sa charge, le châtelain était assisté d'un greffier appelé "Curial" qui, comme le châtelain, était un "gradué" en Droit au courant des lois, usages et coutumes du pays (Référence: Notes sur CULOZ - 4 )
(7) - La famille ROSTAING était une très vieille famille de TALISSIEU (ROSTANI DE TALLUSIACO) dont on remonte la filiation jusqu'au XIVe siècle et dont le nom s'orthographiait initialement ROSETAIN, ou ROSTAIN, Jean ROSTAIN, curé de CHAVORNAY, était, en 1614, Official de St-François de Sales, Evêque de Genève en résidence à Annecy, pour la partie française de son Diocèse. Un autre ROSETAIN était, en 1679, Greffier du Lieutenant Général du Bailliage du Bugey à BELLEY. Les registres paroissiaux de Talissieu mentionnent, en date du 27 février 1751, le baptême de Marie-Henriette ROSETAIN, fille d'Anthelme, dont le parrain fut Claude-Henry, Baron DE LA VELLIERE, Chevalier de St-Louis, Capitaine dans le Régiment de Lyonnais, qui a signé BALME DE LA VELLIERE et dont la famille possédait le château d'AMEYZIEU. Anthelme ROSETAIN était "Curial" des terres de LUYRIEU à TALISSIEU d'après les registres d'Etat-Civil de cette Paroisse qui, en 1771, le mentionnent être, aini que sa femme, "bourgeois de ce lieu" et habiter Belley. La famille ROSETAIN compta de nombreux Notaires, et ce fut Anthelme (sic) ROSETAIN qui prit le nom de ROSTAING. Dans le cimetière récemment nivelé qui entourait la chapelle d'Ameyzieu, il y avait la tombe de Marie-Cécile-Victoire Mortier Du Parc, Baronne De Rostaing, épouse de Jean-Antoine De Rostaing, oncle du Général La Batie, grand-oncle lui-même de l'ancien Maire de Talissieu, Gabriel La Batie, qui exerça cette charge en 1882/84. Pierre-Marie La Batie, Procureur du Roi en la Maitrise des Eaux & Forêts à Belley, qui possédait le château de MARLIEU où il mourut le 3 février 1811, âgé de 73 ans, était marié à Louise ROSETAIN, fille d'Anthelme ROSETAIN (La Maitrise des Eaux & Forêts de MACON avait été transférée à Belley en 1752).
Le Chevalier Jean-Antoine DE ROSTAING, fils d'Enoine ROSETAIN, était né à AMEYZIEU le 14 mars 1764. Son oncle, Anthelme ROSETAIN, le "Curial" précité, était marié à Catherine FAVIER. Jean-Antoine mourut le 15 mars 1846 dans son domaine de BEYRIN, près d'YENNE. Après avoir commencé une carrière dans l'administration fiscale, de 1781 à 1792, il s'engagea en 1792 et devint Commissaire des Guerres en novembre de la même année. Accusé de fédéralisme, mais acquitté, il se retira à AMEYZIEU dans le château acheté par son père aux BALME de SAINTE-JULIE. Il fut cependant bientôt menacé d'arrestation et prit la fuite. Grâce à un officier du Génie, nommé Du Parc, il put traverser le Rhône à Lucey e gagner Genève et la Suisse où il retrouva BRILLAT-SAVARIN, sorti de France, lui aussi, mais muni d'un sauf-conduit qu'il était allé chercher à Dole auprès du Représentant en Mission PROT (Référence: Physiologie du Goût - Variété XXIII). Ce séjour en commun en Suisse en 1794 a été évoqué par BRILLAT-SAVARIN dans la Physiologie du Goût Variété XIV "Autres souvenirs d'émigration". DE ROSTAING et BRILLAT-SAVARIN émigrèrent ensemble en Amérique en 1794. DE ROSTAING, rentré en France en 1795, fut successivement Ordonnateur en Chef de L'Armée d'Helvétie en 1796 puis Sous-inspecteur aux Revues en 1801 en Italie et en Allemagne. Il épousa le Ier juin 1801 Cécile-Marie-Victoire MORTIER DU PARC. On le retrouva à Paris en 1811 puis Général Inspecteur aux Revues à GRENOBLE en 1812. S'étant déclaré contre l'Empereur en mars 1815, il fut destitué aux Cent Jours et revint à AMEYZIEU jusqu'à la Restauration. Le Roi le remit en activité et le nomma Directeur du Personnel, Chef de la Section Administrative au Ministère de la Guerre, en 1816, puis Inspecteur aux Revues à DIJON. Il fut créé Baron le 15 février 1817 avec les armoiries suivantes: "De gueules au lion d'or, au chef cousu d'azur chargé d'une roue d'or" (Référence: Armorial de Bresse, Bugey Tome II Lyon 1874 et Revue de la Société Littéraire de l'Ain - numéro du 15 septembre 1873). Fait Chevalier de la Légion d'Honneur en 1805 et Chevalier de St-Louis le 25 août 1815, il fut promu Officier de la Légion d'Honneur en 1816 et Commandeur en 1825. Admis à la retraite en 1830, il se retira en son château d'AMEYZIEU. Sa femme appartenait à la famille de l'officier du Génie ayant favorisé sa fuite en 1794, famille qui possédait une maison à Belley, dans la Grande Rue, en face de celle des BRILLAT. DE ROSTAING était le neveu du Marquis DE ROSTAING DE MONBRISON fait Maréchal de Camp pendant la Guerre d'Amérique après la pris d'YORKTOWN (29 octobre 1781). Son père, Antoine, avait également combattu sous Rochambeau. C'est peut-être en raison de ce souvenir que Jean-Antoine quitta la Suisse avec BRILLAT-SAVARIN, descendit le Rhin, s'embarqua à Rotterdam sur le brick "FRIENDSHIP" et atteignit NEW-YORK le 1 octobre 1794 (Référence: Revue LE BUGEY 31e fascicule - Août 1937, page 439) Ses lettres relatives à son séjour en Amérique avec BRILLAT-SAVARIN furent publiées dans la "Revue de la Société Littéraire, Historique et Archéologique de l'Ain" en 1873.
Le Baron DE ROSTAING a laissé de nombreux écrits sur des sujets politiques, économiques et militaires.

 

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